Patrick Bernasconi, nouveau président du CESE
Les 233 membres du conseil économique social et environnemental (CESE), qui viennent d'être renouvelés pour un mandat de 5 ans (*), ont élu hier leur nouveau président, après un discours de dix minutes prononcé par chaque candidat, Jean-Paul Delevoye, le président sortant, Patrick Bernasconi (Medef) et Gérard Aschieri (FSU, fédération syndicale unitaire).
| Composé des "forces vives de la Nation", le CESE, sorte de chambre de la société civile, a pour mission de conseiller le gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat dans l'élaboration des lois et des décisions relatives aux politiques publiques. Le CESE peut être saisi par le gouvernement, l'Assemblée nationale, le Sénat, par les citoyens via une "pétition cityoenne" et il peut aussi décider de son propre chef de traiter une question particulière via une "autosaisine". Le CESE délivre des avis, publiés au Journal officiel, mais publie aussi des études, comme par exemple sur la question de la place des femmes dans les organisations patronales et syndicales. |
Si "le gaulliste social" Jean-Paul Delevoye a défendu son bilan (avec davantage de transparence sur les travaux du CESE, l'accent mis sur le dialogue social avec les conférences sociales tenues au palais de Iéna et des saisines sur des sujets de société comme les migrants), il a néanmoins pâti de l'image d'un politique nommé par d'autres politiques, face à une coalition soutenant son challenger. C'est donc Patrick Bernasconi qui l'a emporté facilement dès le premier tour du scrutin avec 131 voix, contre 63 pour Jean-Paul Delevoye et 26 pour Gérard Aschieri. Patrick Bernasconi a notamment bénéficié du soutien de la CFDT, de l'UNSA, de la CGC et de la CFTC ainsi que de plusieurs associations, FO lui préférant Jean-Paul Delevoye tandis que CGT, Solidaires et FSU soutenaient Gérard Aschieri.
Vice-président du Medef, mandat dont il venait de démissionner, Patrick Bernasconi s'est présenté "comme un entrepreneur militant du dialogue social". "Les entreprises qui réussissent sont celles qui ont une âme", a-t-il lancé juste avant l'élection. Patron d'une entreprise familiale de 100 salariés, Patrick Bernasconi a été président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) de 2005 à 2013. En 2013, il a brigué un temps la présidence du Medef, avant de se retirer face à Pierre Gattaz. C'est Patrick Bernasconi qui avait représenté le patronat lors des négociations ayant abouti à l'accord national inteprofessionnel sur la sécurisation de l'emploi de janvier 2013, lui aussi qui avait été chef de la délégation patronale pour les négociations sur l'assurance-chômage en 2011.
Agé de 60 ans, il a promis de rendre plus efficace et plus "visible" l'institution du CESE, et d'inscrire sa présidence "dans une action collective" pour "réhabiliter le CESE". Patrick Bernasconi a jugé nécessaire de recentrer le travail du conseil : "La voix du CESE s'exprimera d'autant plus haut et loin qu'elle s'exprimera sur des sujets prioritaires". Le nouveau président du CESE a souhaité que le conseil devienne incontournable pour le gouvernement et le Parlement dans l'élaboration des projets de loi (voir son discours en pièce jointe). Hier les conseillers ont également élu le bureau du CESE qui comporte 6 vice-présidents dont une seule femme, Pascale Coton (CFTC), 4 secrétaires dont Carole Couvert (CFE-CGC), 2 questeurs (dont Jean Grosset, ex-Unsa, membre du PS) et 6 membres, dont 3 femmes. Les présidents et vice-présidents des sections (chargés de préparer les études et projets d'avis) et des délégations (pour l'étude de points particuliers ou excédant les compétences d'une section) ne seront élus eux qu'aujourd'hui.
Reprenant brièvement la parole après sa défaite, l'ancien président du CESE Jean-Paul Delevoye a mis en garde son successeur en évoquant "les semaines difficiles" à venir compte-tenu du contexte politique. "Ne fragilisez pas l'éthique du CESE", a-t-il aussi lancé, dans une possible allusion au mariage pour tous, un débat que l'ancien président du CESE s'est toujours efforcé de tenir à l'écart de l'enceinte du conseil.
(*) 60 membres le sont au titre de la cohésion sociale & territoriale et de la vie associative, 33 au titre de la protection de la nature et de l'environnement et 140 membres au titre de la vie économique et du dialogue social. Parmi ces derniers figurent 18 conseillers nommés par la CFDT, 17 par la CGT, 14 par FO, 6 par la CFTC, 6 par la CFE-CGC, 4 par l'UNSA, 2 par Solidaires.